TVA ou taxe sur la consommation
J’étudierai aujourd’hui le système TVA. Plutôt que de vous décrire en détail le rébarbatif code belge y relatif, je me concentrerai sur quelques réflexions pratiques et politiques touchant ladite taxe. Mon discours sera évolutif : je reprendrai, en premier lieu, les éléments « gracieux » de la TVA, avant de descendre, progressivement, vers les aspects « grimaçants » de celle-ci. Bref, je retracerai les traits du visage individuel se renseignant sur la TVA : son sourire s’inversera toujours au final.
Avant toute chose, qu’il me soit permis de faire un bref rappel historique. La taxe sur la valeur ajoutée n’est pas née ex nihilo. Bien avant elle, l’Europe subissait – en dehors de la France – le système de la taxe sur le chiffre d’affaire. Fort similaire à la taxe sur la valeur ajoutée – j’y reviendrai plus tard – la TCA rajoutait une couche d’injustice supplémentaire, celle de son fonctionnement, à l’iniquité naturelle découlant de son existence.
Un petit exemple illustrera mes propos. Soit la situation suivante : la chaîne de fabrication d’un bien, mettant en scène le travail minier, un sidérurgiste, un transformateur et un fabricant.
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Prix d’achat |
Valeur ajoutée |
Prix de vente |
Taxe (7 p.c.) |
Prix de vente + Taxe |
Fisc |
Mine |
100 |
100 |
7 |
107 |
7 | |
Sidérurgiste |
107 |
50 |
157 |
11 |
168 |
11 |
Transformateur |
168 |
100 |
268 |
19 |
287 |
19 |
Fabricant |
287 |
300 |
587 |
41 |
628 |
41 |
Totaux |
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550 |
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78 |
Vous aurez remarqué qu’avec pareil système, la valeur ajoutée par le travail minier (100) sera taxée, non seulement au stade premier, mais également à l’échelon du sidérurgiste, du transformateur et du fabricant. Partant, elle sera taxée quatre fois ! De plus, vous aurez décelé la deuxième monstruosité du système : la taxe survenant à chaque niveau de production sera elle-même taxée aux stades suivants.
Que le lecteur arbore donc un fier sourire : le système actuel de TVA, qui ne présente pas ces inconvénients, aurait pu être bien pire ! Toutefois, qu’il ne perde pas son sens critique. J’ignore en effet à combien s’élevait le taux de la TCA dans les années 50. (Avis à ceux qui savent.) S’il était faible, il ne fait aucun doute que son application aurait été moins spoliatrice que ce que nous connaissons aujourd’hui, à savoir un taux de TVA s’élevant, pour la Belgique, à 21 p.c.
Maintenant ce rappel historique effectué, plongeons-nous dans le bain de la réflexion.
Tout d’abord, il convient de relever que la TVA est l’impôt le moins inégalitaire. En effet, son taux est identique pour tous les individus, vis-à-vis d’un même bien : il ne croît pas en fonction des revenus de l’acheteur. Cela ne déçoit pas pour autant les spoliateurs de gauche : les fortunés, qui normalement achèteront plus que les nécessiteux, paieront ipso facto plus de taxes que ces derniers.
En second lieu, nous noterons que la TVA est fort semblable à l’ancienne TCA. Malgré la novlangue étatique tentant de faire croire que c’est l’entreprise qui supportera le poids de la taxe, via les termes « sur la valeur ajoutée » ou « sur le chiffre d’affaire » ornant sa dénomination, il ne fait aucun doute que la TVA sera supportée, au final, par le consommateur. Par conséquent, nous devrions désormais la qualifier de « taxe sur la consommation ».
À cet égard, il faut remarquer que son apport à l’état sera plus important quand l’économie tourne. Hypothétiquement, son existence pourrait donc constituer un fameux rempart contre une économie communiste ou social-démocrate. En effet, les états en viendraient à supprimer leurs mesures, taxes et impôts freinant la consommation, s’ils voulaient engranger plus d’argent par cette voie « invisible ». Hélas, l’expérience actuelle de l’union européenne semble infirmer le bien-fondé de cette hypothèse : la pression fiscale s’est fortement accrue chez nous durant les quarante dernières années.
Passons donc au point suivant, commençant par un nouvel avantage de cette taxe par rapport aux autres ponctions étatiques : le particulier n’aura pas à subir de paperasseries chaque année, au contraire de ce qu’il connaît, par exemple, avec l’impôt sur le revenu. Par contre, le commerçant devra, quant à lui, gaspiller pas mal de son temps pour satisfaire au mécanisme permettant d’éviter les injustices de l’ancien système TCA. Trois conséquences néfastes découlent de cette perte d’énergie.
- Premièrement, le commerçant et l’entrepreneur verront l’ennui ou la démotivation les atteindre face à ces obligations rébarbatives. Or, ces courageux individus constituent le premier moteur de l’économie.
- Deuxièmement, satisfaire au mécanisme mis en place coûtera du temps, donc de l’argent. Des personnes seront peut-être engagées afin de s’occuper de ces tâches. Partant, le consommateur paiera, une fois de plus, les coûts dérivant de ces contraintes légales.
- Troisièmement, les différentes étapes de production auront tendance à se concentrer en de grosses structures pour réduire les dépenses provoquées par les impératifs étatiques. Par conséquent, les petits commerces auront plus de difficultés à lutter, économiquement parlant, contre les grandes entreprises.
Bref, au final, notre sourire initial a mué en grimace. Certes, la taxe sur la consommation est moins dérangeante que d’autres ponctions étatiques. Toutefois, cela n’empêche pas qu’elle constitue, à l’instar de ses sœurs, un acte malsain aux conséquences néfastes : en achetant quoi que ce soit, nous paierons toujours plus que le prix initial, et ce pour satisfaire aux besoins égoïstes de petits politiciens constructivistes. Notre pouvoir d’achat, déjà fortement diminué via les charges sociales et l’IPP, ne s’en verra que plus rabaissé.