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Porte entr'ouverte
27 janvier 2007

Dopage dans le cyclisme

Depuis une semaine, la presse nous bassine une fois de plus sur le thème du dopage dans le cyclisme. Tout d’abord, il y eut ces révélations du journal Le Monde à propos des deux échantillons positifs d’Oscar Pereiro Sío lors du Tour de France 2006. L’on apprit également que six autres coureurs, parmi lesquels des Français, avaient abusé de substances illicites au cours de la plus grande course du monde. Puis, en Belgique, le quotidien Het Laatste Nieuws s’attaqua au sommet du cyclisme flamand des dernières années. Ainsi, il affirma que le représentant des directeurs sportifs de l’UCI Pro-Tour, Patrick Lefevere, organisait le dopage dans son équipe depuis trente ans. L’actuelle meilleure formation de classiques, Quick-Step, dont font partie les deux derniers champions du monde (Paolo Bettini et Tom Boonen), était ébranlée. D’ailleurs, le soir même, l’ancien champion du monde et meilleur coureur de classiques au cours de la décennie 1990, Johan Museeuw, organisait une conférence de presse, teintée d’aveux partiels, pour anticiper le prochain scoop du journal flamand. Enfin, je n’oublierai pas, dans l’actualité de la semaine, l’enfant terrible du cyclisme belge, Frank Vandenbroucke, inculpé mercredi par un juge d’instruction dinantais.

Cette dernière affaire est celle qui illustre le mieux ce dont je traiterai aujourd’hui : l’ingérence du politique dans le sport, plus particulièrement en matière de dopage. Certes, l’UCI interdit quelques produits dopants. Certes, des coureurs violent les règles. Certes, ceux-ci risquent de se foutre la santé en l’air. Toutefois, ces raisons ne suffisent pas pour justifier l’intervention des police et justice étatiques dans la sphère fermée du vélo.

Prenons le cas de la santé des coureurs. Tout d’abord : de quel droit pourrait-on dire à un individu « ce que tu fais es mauvais pour toi ; je t’interdis de continuer » ? On pourrait peut-être, comme un commissaire du gouvernement le fit devant le conseil d’état français, illustrer que l’état intervient déjà dans de nombreux domaines « pour protéger un administré contre lui-même », mais on ne pourrait pas trouver un argument valable défendant ladite intervention. De plus, il ne faut pas perdre de vue que les coureurs sont conscients de ce qu’ils font ; ils n’ignorent pas que la gloire apportée par les produits dopants se transformera, au final, en cauchemar pour leur santé. Ils acceptent les risques pris et sont payés en conséquence.

Concernant l’action des police et justice étatiques, je ferai deux remarques. Premièrement, si l’état intervient, c’est avant tout contre des « drogués », des « toxicomanes » ou des « détenteurs de produits interdits ». S’il punit, c’est plus par lutte contre les drogues que par lutte contre la tricherie. Deuxièmement, tant bien même il souhaiterait sanctionner les tricheurs sportifs à ce titre, son intervention ne serait pas légitime. En effet, ce sport est organisé par une institution privée. C’est donc à elle de faire respecter ses réglementations. Or, que voit-on dans le cas d’espèce ? Que l’UCI, depuis des années, ferme les yeux. Que les contrôles anti-dopages vierges s’achètent. Que les coureurs continuent à tricher, malgré l’acharnement étatique. Bref : que ce monde clos accepte le dopage. Dès lors, pourquoi venir les emmerder ?

Certains esprits chagrins geindront peut-être, après ce billet : « Mais… et la beauté du sport ? » Je leur répondrai : « La seule beauté du sport, c’est de le pratiquer. »

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