Monseigneur Léonard, liberté d’expression et indépendance journalistique
L’évêque de Namur, monseigneur Léonard, a déclaré au Télé Moustique de ce mercredi que les homosexuels « ont rencontré un blocage dans leur développement psychologique normal, ce qui les rend anormaux ». Anormaux, les homosexuels ? Personnellement, je n’affirmerai pas cela, tant bien même la définition du terme litigieux (« contraire à l’ordre habituel des choses ») pourrait coller à la réalité. D’ailleurs, ce n’est pas pour traiter de la condition d’homosexuel que je tapote sur mon clavier en cette soirée printanière (je m’en balance un peu à vrai dire), mais bien pour revenir sur les réactions provoquées par ces quelques mots.
Monseigneur Léonard prédit, au cours de l’interview en question, que, si celle-ci venait à se dérouler dix ans plus tard, on l’enverrait en prison pour les propos y tenus (« homophobie »). Sa prophétie me semble fort probable. Nous pouvons déjà sentir, dans les communiqués d’organisations militantes, les restrictions futures qui pèseront sur nos têtes. Ainsi, l’asbl Ex Aequo estime que les propos de l’évêque sont condamnables. Mieux : l’association pense que « l’expression d’une telle opinion extrémiste devrait être encadrée, par les médias qui choisissent de la diffuser, d’avertissements préventifs tant en matière d’IST que d’homophobie. » De leur côté, les maniaques du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (CECLR) sont allés farfouiller l’état actuel du droit, voire ses futures « avancées », afin de vérifier s’ils pouvaient ou non attaquer les propos de monseigneur Léonard. Las pour eux ! « Mgr Léonard jouit également de la liberté d’expression. » La liberté d’expression, mais pour combien de temps encore ? Monseigneur Léonard prophétise dix ans. Je le suis dans son pronostic : chez nous, cette liberté ne tient qu’à un fil.
En outre, le fil auquel tient (encore) la liberté d’expression est extrêmement fin. Ainsi, si vous ne pensez pas comme l’exige le soviet suprême, vous subirez les foudres de la presse aux abois. Tentative désespérée pour tuer le bébé dans l’œuf, diront sarcastiquement certains. Tout à l’heure, le 19 heures de RTL-TVI a consacré pas moins de quinze minutes à l’affaire. (Quinze minutes, oui, vous avez bien lu.) On a eu droit aux associations gays, aux djeunz étudiants de l’université <articulez bien> catholique </articulez bien> de Louvain et à monsieur Tout-le-monde. Le message à ancrer dans la tête du téléspectateur : « refuser le progrès » (c’est-à-dire être « homophobe », prôner la fidélité conjugale et lutter contre les meurtres assistés), c’est d’un ringard peu commun. D’ailleurs, y a plus que des prêtres – ces pédophiles – pour défendre ces positions rétrogrades.
Pitoyable. Quand on pense que même Michel Duponcelle fut interviewé par la chaîne de l’avenue Ariane Georgin…
N.B. Lire également l'excellente analyse de Ronnie Hayek.