Après élections (2). Rétablissement ordinaire du sens des mots
Afin d’éviter tout malentendu, de banir les faux-sens et d’aiguiser l’esprit critique des lecteurs avant de plonger dans le vif du sujet, je me bornerai à rappeler la signification de certains termes ou, à tout le moins, à détecter ce qui se cache derrière leur douce apparence.
Solidarité. Sentiment qui pousse les hommes à s’entraider (Larousse). Une conclusion importante s’impose à la lecture de cette définition : l’établissement d’une caisse commune ne présume guère l’existence d’un sentiment d’entraide a priori. En effet, les personnes cotisant réellement pourraient fort bien avoir été obligées de participer à ladite caisse contre leur volonté. Le système démocratique, permettant à une majorité de décider que faire avec l’argent de la minorité, illustre parfaitement l’utilisation abusive du terme « solidarité » : bien souvent, ce sont des personnes estimant avoir déjà assez donné qui doivent encore s’acquitter de charges non souhaitées. Ce n’est donc pas un sentiment d’entraide qui motive leur participation à certaines caisses communes, mais bien un texte de loi.
Allocataires sociaux. Êtres humains dépendant, volontairement ou non, de l’argent des autres. Le Vif/L’Express fait émarger à cette catégorie les chômeurs, les pensionnés, les malades et les invalides. Si, dans une société socialiste (comme celle que nous connaissons), le chômage volontaire existe, il en va de même du chômage involontaire : des individus ne peuvent travailler à cause des divers mécanismes contre-productifs mis en place par des politiciens peu doués. Les pensionnés sont, quant à eux, placés contre leur volonté dans les mains des plus jeunes : l’état leur interdit de continuer à travailler s’ils veulent toucher un maigre dividende de ce qu’ils ont cotisé durant des dizaines d’années. Quant aux malades et aux invalides, le passé nous a déjà fait dire que leur nombre trop important avait pour origine non seulement une certaine complaisance chez quelques uns d’entre eux, mais aussi, et surtout, une volonté de l’état de ne pas les voir quitter leur statut d’ « allocataires sociaux ».
Nation – État. Ces deux notions ne doivent pas être confondues. Si la nation désigne un ensemble d’êtres humains habitant un même territoire, ayant une communauté d’origine, d’histoire, de culture, de traditions ou de langue (ensemble chaud), l’état est un « monstre froid », une réalité de fait ou, pour le définir concrètement, une organisation politique et administrative. Les deux notions ne coïncident donc pas. À titre d’exemple, on pourrait prendre notre royaume fritier : la majorité des analystes politiques reconnaissent l’existence de deux nations (belge et flamande) au sein de l’état Belgique. En sens inverse, l’on pourrait imaginer un rattachiste faisant le raisonnement suivant à propos de l’état Belgique (ou d’un éventuel état Wallonie) et de l’état Fraônce : deux états composant une grande nation.
Sécurité sociale (« à la belge »). Monopole étatique de la prise en charge des divers risques inhérents à la vie humaine moderne. Personne ne peut concurrencer l’état… Pourquoi donc, s’il est le meilleur ?