Le manifeste du MR, non libéral
Qui n’a jamais entendu ou lu le mot « libéral » pour caractériser le mouvement réformateur (MR) ou un de ses membres ? Quelqu’un qui ne s’est jamais intéressé à l’information, probablement. En effet, les médias, qu’ils soient subsidiés ou non, étalent généralement leur incompétence en qualifiant de « libéraux » certains individus étrangers au libéralisme.
Il faut reconnaître que nos journaleux sont plutôt bien aidés, en cela, par des abrutis se revendiquant d’une philosophie dont ils n’ont, plus que certainement, lu aucun auteur. Ces derniers, constructivistes de droite, participent, de par leur ignorance, au grand mouvement de décrédibilisation du libéralisme. Les solutions qu’ils proposent, tout aussi inadaptées à l’être humain que le socialisme, n’appartiennent pas au mouvement libéral.
Je vous avais déjà parlé, ici et là, de deux poids lourds du MR. Les conclusions se rejoignaient : ni Didier Reynders, ni Louis Michel, ne pouvaient être qualifiés d’hommes politiques libéraux.
Aujourd’hui, j’ai choisi de m’attaquer au manifeste du MR. Celui-ci, nous allons le voir, se rattache plus au courant social-démocrate qu’à la lignée libérale. Riche d’une quarantaine de pages anti-libérales, il me permettra de vous parler plusieurs fois des inepties y présentes. En ce jour de pluie, je me contenterai de relever une petite perle et de la commenter.
D’un côté, le MR, d’un ton pompeux, s’écrie :
« Aujourd’hui, face au désengagement des citoyens et à la montée des extrémismes, notre système démocratique doit proposer un nouveau contrat d’adhésion qui protège la liberté, l’égalité et la solidarité, et appelle l’effort individuel, la responsabilité publique et l’engagement social. » (p. 6)
Traduction : nous avons besoin de nouveauté. (Je passerai sur la contradiction que cela implique – déjà – avec les termes « solidarité » et « engagement social », voire l’obscure « responsabilité publique » mentionnée.)
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D’un autre côté, le MR déclame :
« Aujourd’hui, le rôle des institutions publiques est de donner à chacun la capacité de s’accomplir librement avec bonheur, sérénité et perspective. Chacun est en droit d’obtenir de cette nouvelle puissance publique qu’elle lui garantisse sa liberté d’initiative et assume en conséquence, avec détermination, son rôle régulateur pour :
- la démocratie et le gouvernement du bien public ;
- l’économie et la gestion des ressources financières ;
- la protection sociale et la garantie de sécurité d’existence ;
- la culture et l’acquisition des connaissances ;
- la famille et le bien de l’enfance ;
- le travail et la créativité entrepreneuriale ;
- l’environnement et la sauvegarde du milieu ;
- la science et les modifications génétiques ;
- l’Europe, la mondialisation et l’évolution géopolitique mondiale. » (p. 3)
Bref, le MR, voulant incarner la nouveauté, propose les recettes actuelles ! L’état intervient déjà dans la démocratie, dans l’économie, dans le social, dans la culture, dans la famille, dans le travail, dans l’environnement, dans la science et dans les relations diplomatiques, etc. Que faut-il comprendre ? Qu’un dédoublement de personnalité réformatrice a mis en scène un Dr Jekyll et un MR Hyde ? Ou que nos constructivistes de droite souhaitent, comme unique nouveauté, voir leur tête à la place de celle du papillonnant Elio ?
Je peux, en tout cas, tirer une conclusion limpide des écrits psychopathologiques cités : le MR n’est pas libéral. Certes, quelques-uns le savaient déjà. Mais beaucoup l’ignorent encore. (Pourvu que quelques journaleux passent par ici.)
L’argumentation ? Premièrement, les MRdistes accordent un rôle régulateur à l’état dans des domaines autres que ceux du droit à la vie et de la propriété. Deuxièmement, le MR fait référence aux faux droits (« Chacun est en droit d’obtenir … »). Troisièmement, le MR se contredit en proposant la « liberté d’initiative » à « chacun » tout en voulant réguler à foison. En effet, la régulation empêche, littéralement, certains comportements. Par conséquent, elle prive de liberté nombre d’individus. Enfin, quatrièmement, le MR ose faire référence – pâle copie du PS – au « bonheur » de tout un chacun. Or, le libéralisme ne promet pas le bonheur. Au mieux suggère-t-il que l’individu sait mieux que l’état ce qui est bon pour lui. Mais rien de plus.
Bref, un simple alinéa suffit à nous enseigner l’anti-libéralisme du MR. Merci Louis, Daniel, Didier, etc.