Van Quickenborne a la frite
Le Soir, dans sa quête d'informations croustillantes, nous apprenait hier que le ministre de l'économie et de la simplification administrative, Vincent Van Quickenborne, s'inquiète de la hausse actuelle du prix des frites, jugée suspecte. Il s'est dès lors empressé de charger les « autorités nationales de la concurrence » « de mener une enquête préliminaire afin d'expliquer la différence de prix entre les pommes de terre et les cornets de frites. » Les frites ont, en effet, tendance à s'enchérir plus vite que les patates.
Dans un pays où la frite est reine et le socialisme roi, il n'est pas surprenant de voir un ministre, se veuille-t-il libéral, faire le premier pas vers la réglementation du prix du plat national. Pourtant, on peut regretter que ce haut fonctionnaire ignore encore l'essence d'un prix : la rencontre d'une offre et d'une demande. Quand un friturier vend un cornet de frites pour 2,50 EUR, il estime, par là, que ces 2,50 EUR ont une valeur plus grande, pour lui, que ledit cornet. De son côté, le client qui paie 2,50 EUR pour un cornet de frites juge que ce cornet de frites est plus important, à ses yeux, que le montant dépensé. Qu'y a-t-il de criminel dans ce libre accord entre individus ? Vincent Van Quickenborne a-t-il donc oublié que le consommateur outré par le prix du service peut toujours, si l'envie de frites le tenaille, s'en faire frire quelques unes à domicile ? Et que, si c'est le besoin de graisse qui l'habite, il peut se tourner vers d'autres plats délicieux (pitas, durum, fricandelle, hamburger, pizza, etc.) ? Certaines mesures, décidément, ne lassent pas de surprendre par leur débilité. Mais ne vivons-nous pas au pays du surréalisme ?