Élections 2007 : le programme schizophrénique du MR
Depuis que Didier Reynders a pris en main les destinées du MR, celui-ci ne s’est pas éloigné des principes directeurs assignés par le schizophrénique Manifeste ducarmo-michellien, bien au contraire. Le MR prône toujours avec autant de force et de vigueur une intervention de l’état dans tous les secteurs possibles et imaginables. Quant à Didier Reynders, ses huit ans au gouvernement belge ont permis de démontrer son incapacité à adopter des mesures profondément libérales : le célibataire belge reste, parmi ses congénères des pays de l’OCDE, celui ayant besoin du plus de vaseline.
Les signes avant-coureurs de la campagne 2007 nous donnaient déjà de belles sueurs froides. Reynders affirmait fièrement sur RTL-TVI qu’il n’abaisserait pas les impôts in globo et son parti martelait imbécilement que « le bonheur est au programme ». Désormais, les choses sont limpides : le Mouvement Réformateur a publié sur le Web son programme ainsi que « cinquante propositions pour mieux vivre ensemble ». Une fois de plus, le MR recycle les idées socialistes d’une façon totalement schizophrénique.
J’ai lu les cinquante propositions, désastreuses quand on sait qu’elles proviennent d’un parti se revendiquant du libéralisme. Ainsi, seize propositions prévoient de nouvelles dépenses publiques (1, 2, 4, 9, 10, 13, 14, 17, 24, 30, 31, 37, 38, 39, 44, 46) et huit points consacrent de nouvelles interventions étatiques inappropriées et illégitimes (7, 8, 11, 20, 21, 42, 43, 45)… tout cela alors qu’un seul et unique paragraphe annonce, discrètement qui plus est, une nouvelle taxe (3). Les réformateurs préfèrent cacher les défauts de la société socialiste ou social-démocrate, plutôt que de la transformer en société libérale : quatorze propositions tendent à mieux adapter certains mécanismes étatiques à la société social-démocrate (5, 6, 12, 15, 16, 19, 23, 25, 26, 29, 36, 40, 49, 50). Si certaines propositions (27, 28, 33), un peu meilleures, tendent à réintroduire la notion de « sanctions » dans le langage étatique, elles ne rassurent pas entièrement car des abus (32) ou des faiblesses (27 in fine) apparaissent dans le discours. Enfin, nous noterons que seuls sept points proposent des suppressions (18), baisses (22, 34, 35, 47, 48) ou déductions fiscales (41), généralement faibles, de diverses spoliations publiques. Bref, tous comptes faits, nous pouvons affirmer que le discours socialiste (« + d’état ») accapare 50 p.c. des propositions MRdiques, tandis que la pensée sociale-démocrate occupe 35 p.c. de l’espace promotionnel du MR.
L’on peut s’interroger, sans coup férir, sur le positionnement idéologique des réformateurs eu égard à leurs discours : alors qu’ils se veulent la seule formation francophone s’opposant aux recettes socialistes, ils ne proposent rien d’autre que les mêmes plats émétiques. En outre, l’incohérence de leurs idées soulève nombre de questions : y a-t-il seulement une personne sensée et réfléchie dans l’équipe réformatrice ? Jugez-en plutôt : alors que, d’un côté, le MR s’écrie « Toujours moins d’impôt … pour toujours plus de dynamisme et d’activité économique … pour toujours plus d’emploi et de pouvoir d’achat », de l’autre il promeut des mesures chères et contre-productives (voir la liste des nouvelles dépenses publiques prônées par Didier et ses amis ainsi que celle des nouvelles interventions étatiques).
Passons maintenant au programme en tant que tel. Il est décomposé en sept sections. La première a trait à l’emploi. L’on y apprend que celui-ci, tout comme la formation, est un droit pour tous. Ça commence bien. Comment y parvenir ? En affectant 6 milliards d’euros à la baisse de la pression fiscale et des charges sociales pesant sur le travail, pardi ! La seconde section concerne l’économie et l’esprit d’entreprise. Parfois déprimante, parfois même très déprimante, elle reste pourtant la partie du programme la « moins pire ». C’est dire le niveau du reste. La troisième section (santé, qualité de vie et familles) tente de maintenir émergée la tête du système social en perdition. La quatrième section, catastrophique, s’intitule « la société et les pouvoirs publics ». Ignorant la répartition constitutionnelle des compétences entre état et communautés, le MR loue le « libre choix », par les parents, de l’école de leurs enfants, mais oublie de libérer l’enseignement. Un peu plus loin, il évoque presque le droit au logement et s’intéresse vivement aux logements sociaux (mais pas pour supprimer cette incongruité). Se rapprochant dangereusement des idées haineuses du FN et de la base du PS, le MR combat la liberté d’afficher sa religion et propose une lutte contre l’immigration illégale : le « mieux vivre ensemble » signifie, en réalité, « mieux vivre seuls ». ¨Protecteur du consommateur comme de l’animal, le Mouvement Réformateur souhaite également intervenir dans la vie de ceux qui offrent du boulot. Mais ça ne s’arrête pas là : la cinquième section fait la part belle à l’écologie (convergences avec Écolo obligent). Didier et ses amis clament fièrement qu’ils réduiront les émissions de gaz à effet de serre, qu’ils mettront en place une gouvernance mondiale du climat et qu’ils vous empêcheront coûte que coûte de rouler en voiture (dussent-ils vous taxer encore plus). La sixième section, relative à la justice et à la sécurité, s’égare parfois dans des travers socialistes, comme le refus de la vente libre des armes, ou liberticides, comme la répression du marché des drogues. Enfin, la septième section (Europe et international) propose, entre autres, un renforcement des institutions étatiques internationales.
Bref, les politiciens wallons et bruxellois n’ont rien à craindre : ce n’est pas le MR qui les obligera à quitter le piédestal totalitaire sur lequel ils trônent nonchalamment.